Courrier à M. le Préfet de Dordogne – du 25 mars 2020
Monsieur le Préfet,
Le monde vit depuis plusieurs semaines une crise sanitaire exceptionnellement grave et inédite. Notre pays n’y échappe
pas. Il est également frappé par le COVID 19. Chaque jour, nous comptons de manière alarmante le nombre de nos morts
en plus des dizaines de milliers de personnes contaminées.
Depuis une semaine, les citoyens de notre pays sont « confinés ». Ces mesures décrétées par le gouvernement
s’accompagnent d’un discours pour le moins ambigu entre « restez confinés » et « allez travailler » ! Ainsi, les dispositions
prises par les employeurs sont très variables et ne correspondent pas à la teneur des propos tenus, le lundi 16 mars, par
le Président de la République, en particulier s’agissant du maintien d’activité non essentielle à la vie de la Nation.
Nous dénonçons l’incohérence totale à laisser fonctionner des entreprises ne relevant pas de secteurs essentiels dans un
moment où les plus hautes autorités de l’État avec l’expertise des scientifiques affirment que la priorité absolue réside
dans la limitation de la circulation du COVID 19.
Depuis quelques jours, des médecins s’élèvent pour un confinement total.
Également, nous ne pouvons accepter et entendre de la part de représentant de l’Etat que des entreprises dans lesquelles
la présence du coronavirus est avérée qui leurs soient rappelées uniquement leurs droits et devoirs, en renvoyant sur
l’application stricte du droit en vigueur n’obligeant pas les fermetures.
Manifestement les mesures sur la situation sanitaire, pourtant gravissime, ne sont pas prises au sérieux en continuant à
nier la nécessité du bon sens qui serait celle, des fermetures d’entreprises non indispensable à la vie de la Nation.
Dans ce moment exceptionnel, l’Union Départementale CGT de la Dordogne conteste cette vision de classe effrayante qui
fait passer l’économie avant la vie des salarié-es qui de plus, dans la majorité des cas n’ont aucun moyen de protection à
leur disposition !
L’Union Départementale CGT de la Dordogne dénonce les mesures s’attaquant aux droits des salariés, jugées d’effort
raisonnable par le gouvernement. La situation sanitaire du pays, ne peut pas justifier les attaques contre le code du travail,
les droits des salarié-es. Ces mesures n’ont qu’un objectif, obliger les salariés à travailler en les mettant en danger, sans
se soucier de leur santé.
L’Union Départementale CGT de la Dordogne fait de la lutte contre la propagation du virus COVID-19 une priorité. Aussi,
l’ensemble de nos structures sont désormais fermées au public, les salarié-es confinés chez eux et rémunérés, tout comme
militant-es salariés, détachés ou bénévoles.
Pour autant, et si nous comprenons la nécessité d’ordre public, s’agissant des obligations de service (dans la santé, l’aide
à domicile, l’approvisionnement des denrées alimentaires et de premières nécessités, les transports, …), de nombreuses
questions se posent quant à l’application réelle des consignes dans les entreprises et collectivités. Cette situation
anxiogène pèse fortement sur la santé mentale des salarié-es avec tous les risques d’accidentologie que cela induit dans
un contexte de travail.
Cette période de crise inédite exige la responsabilité de toutes et tous.
Je vous alerte sur la situation en Dordogne, où la grande majorité des entreprises continuent leur activité pour la plupart
pour des productions non essentielles. Où des municipalités, intercommunalités, font travailler des agents sur des tâches
subalternes, non importantes et non urgentes.
Autant de salariés non confinés, qui ne comprennent pas que les restrictions légitimes imposées à la population ne
s’appliquent plus lorsqu’il s’agit de travail.
En effet, les conditions dans lesquelles, ils exercent leur activité sont extrêmement dégradées et dangereuses pour eux
et par voie de conséquences pour leur famille et la population toute entière.
Les manquements, qui nous ont remontés de certaines entreprises et services du département, sont nombreux :
– Absences d’application des mesures barrières de distances ;
– Absences de gants, de masques, de gel hydroalcoolique, pas de tenue de travail à usage unique ou de tenue
décontaminée journalièrement, (pour exemple au SMD3 on demande même aux personnels de laver leur tenue
chez eux) ;
– Absences de décontamination régulière des lieux de travail, des salles de pauses et des sanitaires, alors que le
risque de contamination par contact avec les surfaces contaminées est très important et durable dans le temps
de 6h à 12h.
– Les instances du personnel ne sont peu voire pas réunies, et mises devant le fait accomplis de décisions
unilatérales, alors que la situation nécessite encore plus qu’à l’accoutumée un respect strict et rigoureux des
prérogatives des IRPs.
Cette énumération est non exhaustive, vous sachant attaché à avoir des exemples concrets, je vous joins un tableau
relevant des exemples de situations anormales.
Autant de situations, de lieux de concentrations humaines et donc de propagations du COVID-19, vous faîtes courir un
danger grave à toute la population de Dordogne en laissant perdurer ces situations.
Danger d’autant plus grave au vu de la situation du système de soin et de santé en Dordogne, une partie du personnel
des structures hospitalières, de soin à domicile, des EHPAD, du social est aussi démunie en termes de protection.
Nous vous demandons, dans l’intérêt général et non de quelques-uns, l’arrêt des productions et services non essentiels,
la protection et les moyens pour les salariés dont l’activité est vitale.
Le civisme exigé de la population doit s’appliquer à tous, dirigeants d’entreprises et services, élus et services de l’état.
Dans l’attente d’une réponse positive dans les meilleurs délais, veuillez agréer, Monsieur le Préfet, nos respectueuses
salutations.
POUR L’UNION DEPARTEMENTALE CGT DE LA DORDOGNE
Corinne REY
Secrétaire Générale