Communiqué de l’UD Gironde du 23 mars 2020
Face au cynisme libéral, l’urgence est d’agir pour le bien commun !
Dans ce moment inédit d’urgence sanitaire, c’est le monde du travail qui est sur le front.
Qu’il soit nécessaire que les transports, les hôpitaux, les commerces de nourriture, la production d’énergie, les aides à domicile, le ramassage des ordures ménagères, continuent à fonctionner… les agents du public comme les salarié.e .s du privé en ont conscience et
répondent présents.
La moindre des choses serait qu’ils puissent le faire en toute sécurité pour leur santé et celle de leurs proches.
Or beaucoup trop d’entreprises refusent de mettre en place et d’entendre l’urgence que la situation devrait exiger: la fourniture de matériel de protection ainsi qu’une organisation du travail en adéquation avec les recommandations sanitaires de base quand la présence physique
est nécessaire.
En Gironde, trop d’employeurs sont d’une irresponsabilité coupable en faisant que des centaines de salarié.e.s se côtoient comme si de rien n’était. Des directions s’enferment dans des postures potentiellement catastrophiques en refusant qu’un Comité Social et Économique
extraordinaire se tienne afin de présenter aux représentants du personnel un plan sanitaire de prévention pour la santé des salariés de leur entreprise. Dans des hôpitaux, quand des « cellules de crises » existent, on refuse à ces mêmes représentants du personnel d’y participer pour mieux conseiller aux soignants de fabriquer leurs propres masques en tissu et donc inefficaces.
Inacceptable.
L’inertie des pouvoirs publics sur cette question est tout aussi coupable. Comment peut on laisser des centaines de salarié.e.s d’une entreprise travailler au risque de leur santé voire de leur vie et de celles de leurs familles et donc de la population dans son ensemble.
Est-ce absolument nécessaire de laisser produire des boites de vitesses, des équipements aérospatiaux, de la pâte à papiers, des moteurs, de l’outillage, de permettre de livrer des pizzas ou des hamburgers … dans une telle période ? Est-ce absolument nécessaire de mettre
ainsi en danger des milliers de salarié.e .s ? Aussi l’UD CGT de la Gironde demande à être partie prenante de toute « cellule de crise » de la préfecture de la Gironde.
Le double discours du gouvernement et ses injonctions contradictoires sont criminels ! « Restez chez-vous » mais nous vous incitons à en sortir avec une prime de 1000 euros si vous allez travailler. La vie n’a pas de prix. Pour le gouvernement, il semblerait qu’il l’ait chiffré… à 1000 euros (ciblant de fait la classe sociale la plus pauvre). Les directions des supermarchés s’engouffrent dans l’annonce gouvernementale depuis leur bureau confiné et loin des rayons de leur propre enseigne …
Les travailleur.ses qui n’ont eu de cesse de recevoir des coups de ce gouvernement et du patronat, ne les ont pas attendu pour soigner, nourrir, éclairer, transporter et garantir tous les besoins vitaux. La décence aurait voulu dans cette période de crise gravissime que cessent les coups !
L’urgence sanitaire est déclarée. Les principales mesures pour y répondre seront de diminuer les droits des salariés et de garantir via l’argent du contribuable que le système libéral soit pérennisé !
Les actionnaires sont soulagés, Macron garde le cap…
Les salarié.e.s restent la variable d’ajustement d’un système qu’il faut maintenir « quoi qu’il en coûte » (répétés trois fois dans son allocution, ces mots de Macron sont lourds de sens au regard des dernières annonces…)
Alors que nous manquons au fil des jours de plus en plus de lits de réanimation, de masques, de respirateurs, de bras, la loi d’urgence sanitaire prise par le gouvernement donne tous les droits aux préfets, aux employeurs pour remettre en cause le code du travail et les statuts de la fonction publique. Bien que le gouvernement n’ait pas réussi à aller aussi loin qu’il le voulait notamment sur la possibilité d’imposer des congés aux salariés (il faudra passer par un accord…), l’alibi de la crise sanitaire pour imposer des régressions sociale et sans limite de temps, est scandaleux. Considérer que c’était cela l’urgence est irresponsable !
Car rien sur les usines réquisitionnées évoquée par le ministre de l’économie (on attend toujours celle de l’usine de Ford à Blanquefort qui a fermé…) pour fabriquer masques, respirateurs. Rien sur la réouverture des lits nécessaires… tandis que le personnel de santé est
mis au pied du mur doit commencer à trier ceux qui seront soignés de ceux qui ne le pourront pas … Qui triera ces mêmes soignants envoyés à « la guerre » quand eux-mêmes seront touchés faute de masques et de gel hydroalcoolique. Faute aux politiques libérales incapables de leur fournir !
C’est bien le libéralisme qui jugeait encore hier qu’ils n’étaient pas rentables à produire pour être stockés. Pas de profits immédiats. C’est le libéralisme qui a préféré ne pas investir dans la recherche et n’a pas permis aux services de soins d’être en capacité d’accueillir tous les
malades. Pas assez rentable !
Ce que nous vivons révèle au grand jour (mais à quel prix !) la face cachée de ces politiques: le cynisme. Une nouvelle fois, le remède choisi au libéralisme, c’est toujours plus de libéralisme.
La fièvre libérale est le symptôme d’irresponsables qui ne voient que les intérêts économiques à court terme de quelques uns au détriment du bien commun. Nous en sommes tous témoins hélas aujourd’hui.
Est-ce que nos dirigeants auront à répondre de ce cynisme mis en oeuvre dans leurs actes ?
Est-ce que l’invitation lyrique du 11 mars d’Emmanuel Macron: « Nous ne renoncerons à rien, surtout pas à rire, à chanter, à penser, à aimer, surtout pas aux terrasses, aux salles de concert, au fêtes de soir d’été, surtout pas à la liberté », suivie le 12, par la fermeture des écoles, puis le 14 par un début de confinement général, et le 16 par sermonner la population qui suivait l’exemple qu’on lui donnait depuis des semaines ; alors que des alertes au plus haut niveau étaient elles lancées depuis des mois (si on en croit l’ex ministre de la santé…), seront-elles redevables devant les citoyens ?
Pour notre organisation, l’heure des comptes viendra.
Pour l’heure, l’urgence est à garantir la santé du monde du travail qui doit seulement être mobilisé pour les besoins essentiels !
Dans le cas contraire, nous appelons les salarié.e.s à s’organiser collectivement afin d’étudier toutes les possibilités légales pour agir dans leur intérêt.
Bordeaux, le 23 mars 2020